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Marc en Mongolie
2 août 2017

Article de La Fabrique Citoyenne

Bonjour,

Joal Fadiouth. Sénégal. Dimanche 23 avril 2017. 16h. Au bout de l’artère principale de la ville se trouve le quai de pêche. Pour y arriver il faut slalomer entre les camions et les charrettes chargés de poissons frais, les vendeurs ambulants et les taxis. Mais, il n’y a pas d’autre chemin pour accéder à ce poumon économique, véritable lieu de vie et d’échanges, incontournable des villes sénégalaises. Mais Karim Abdou Sall, pêcheur et secrétaire général de l’organisation qui administre le quai de pêche connaît bien les lieux et se frayer un chemin avec lui est facile.

Sur la plage, plusieurs centaines de personnes s’affairent, dans une cohue parfaitement bien huilée, autour de l’arrivée des pirogues. Les porteurs, les mareyeuses, les conducteurs de charrettes…
Tous jouent un rôle crucial dans la seconde vie que va connaître le poisson à son arrivée à terre.

Ainsi chaque acteur trouve sa place dans la filière qui permet à la pêche artisanale de débarquer et de valoriser chaque année près de 400 000 tonnes de poisson, « mais pour combien de temps encore », s’interroge Karim. Il nous explique qu’« au fil des années, les pêcheurs doivent passer de plus en plus de temps en mer pour ramener à terre la même quantité de poisson. Les poissons se font plus rares, certaines espèces ont même disparu » ajoute-t-il.

Les causes de cette surexploitation des ressources sont multiples. Mais l’une d’entre elle nous concerne directement en Europe où nous aimons consommer du saumon. A priori aucun lien entre le saumon de l’Atlantique Nord et la sardine africaine. Et pourtant…

Dans l’Atlantique Nord, les stocks de saumons sont au plus bas. L’élevage industriel se développe donc pour continuer d’approvisionner nos supermarchés.
Toutefois, « pour élever un poisson afin qu’il atteigne la taille marchande, il faut qu’il consomme au moins 5 kg de farine de poisson et pour produire 1kg de farine de poisson, il faut 5 kg de poisson frais » explique le Dr Hassan Samba, directeur honoraire du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar, avant de poursuivre « et quand on fait les comptes il faut donc 25 kg de sardine pour nourrir un saumon d’élevage soit autant que ce que consomme un sénégalais en une année ».

Ces farines produites au Sénégal à partir du stock de sardinelle – aliment de base des sénégalais – puisent donc directement dans la ressource qui assure aujourd’hui l’autosuffisance alimentaire de tout un pays et la mettent en danger.

Ce n’est qu’une facette de la problématique de l’épuisement des ressources. Mais sur ce point-là, nous avons donc le droit et même le devoir de nous interroger sur le poisson que l’on achète. S’il est pêché en mer, ne fait-il pas parti d’une espèce menacée ? Avec quelles techniques a-t-il été pêché ? S’il est issu de l’élevage, dans quelles conditions a-t-il été nourri ?
Ainsi, nos choix de consommateurs sont une arme à notre portée. Tous les jours, au supermarché, refuser un poisson en voie d’extinction, sensibiliser notre poissonnier aux techniques de pêche responsables pour l’environnement ou encore boycotter le saumon élevé avec de la farine de poisson sont autant de moyens de participer à la sauvegarde de la biodiversité.

Alors n’attendons plus, agissons !

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